jeudi 17 décembre 2015

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Ce blog a pour objectif de réunir des témoignages sur le système de santé Grec en particulier les dispensaires autogérés. Toutes les formes de contributions sont bienvenues, tous les contributeurs également

le système d'assurance maladie

En Grèce un patient couvert par l’assurance maladie a le choix de consulter un médecin conventionné sans avance de frais, ou un médecin privé en payant cash. Les médicaments sont remboursés théoriquement à 50% et jusqu’a et 100% pour certaines maladies chroniques. Le remboursements des médicaments avancés par les pharmacies n’étant plus assurés, les citoyens doivent avancer les frais (par exemple une centaine d’euros par mois pour traiter une hypertension artérielle). Pour les hospitalisations, l’assuré ne paye rien dans le secteur public et entre 10 et 30% du cout dans les cliniques privées.
Pour bénéficier de l’assurance santé, il faut avoir travaillé plus de 50 jours dans l’année précédente. Les droits d’un assuré s’étendent à son foyer. 33,2% des grecs n’ont aucune couverture maladie.
26% de la population générale et 59% des 15-24 ans sont au chômage : c’est une augmentation de 273,7% entre 2009 et 2014. Le système sanitaire Grecque ne prend pas en charge les 800 000 réfugiés qui passent sur son sol.

le système citoyen

Pour les 33,2% de patients sans couverture maladie, un véritable système auto-organisé s’est mis en place. De nombreuses structures de solidarité ou dispensaires donnent soins emédicaments aux patients qui acceptent de s’y rendre. Ces dispensaires dépendent directement de soignants solidaires et bénévoles qui viennent y prolonger leur journée de travail. Certaines structures sont issues du mouvement d’occupation des places de l’été 2011. Tous partent de la nécessité de s’auto-organiser face à un abandon de l’état. La plupart des dispensaires sont autogérés. L’état n’intervient à aucun moment (sauf parfois pour expulser certains dispensaires occupants illégalement des locaux). Les dispensaires mènent aussi des actions politiques comme des manifestations de chômeurs cancéreux pour tenter d’obtenir des chimiothérapies dans le système public 
La majorité s’affilient à la coordination « solidarité pour tous » proche de syriza,  d’autres restent indépendant au sein de la coordination des dispensairesIls structurent ainsi un réseau de répartitions des médicaments par coursier et d’entraide dans un sens plus large. 
Les dispensaires refusent tous de se substituer au système publique, « nous sommes en luttes » revient dans toutes les bouches rencontrés. Les orientations politiques des dispensaires sont variables. Ce sont des membres d’un centre de santé qui nous ont proposé la conférence de presse que nous avons fait en fin de semaine. 

L’organisation des dispensaires

Certains dispensaires ressemblent à des cabinets « ordinaires » avec secrétariat, box de consultations pour toutes les spécialités et pharmacie. D’autres sont plus légers avec un bureau orientant vers des médecins acceptant dans ces conditions de faire une partie d’actes gratuits dans leurs cabinets. Les patients retournent chercher leurs traitements dans  une pharmacie solidaire. 
En nous faisant visiter le dispensaire ou elle travaille bénévolement une pharmacienne nous explique que les ruptures de stock  sont fréquentes sur des médicaments comme les chimiothérapies en comprimés ou les antibiotiques pédiatriques. Les lignes logistiques dépendent directement de la solidarité des patients, amenant leur fin de traitement ou ceux de proches décédés. Une bénévole du centre de santé dhelinicon nous a expliqué que pour qu’un patient agé de 21 ans atteint de leucémie puisse bénéficier d’une chimiothérapie, d’autres patients ont acceptés de partager leur traitement et donc de n’en prendre qu’une partie.  
Certains médecins des dispensaires arrivent parfois à faire admettre des patients sans couverture social à l’hôpital publique en jouant de leurs réseaux ou en médiatisant la non-assistance à personne en danger.  

Un vécu de déchéance

    Les grecs voient leur confort de vie considérablement diminuer. J’ai ressenti une révolte et une grande amertume chez les personnes que j’ai rencontrées« On ne pouvait pas imaginer cela » sont les mots qui reviennent en boucle dans la bouche de Sophia pharmacienne bénévoleElle nous dit : «  Rien n’est jamais  acquis. On s’est battu contre la guerre, on s’est battu contre la dictature. Finalement on a l’impression d’être arrivé, et qu’il n’y a rien à changer. Tout peut changer. On va bien, on a sa famille, et le lendemain tout est changé. On ne pouvait pas imaginer que les violences intrafamiliales augmenteraient de 51%, ni que 21% des enfants n’auraient pas de repas tous les jours. On ne pouvait pas imaginer que 60% des femmes seraient au chômage, et que celles qui travaillent n’auraient qu’un temps partiel ou un emploi précaire On n’aurait pas pu imaginer que des gens souffrant de diabète ou de cancer préfèreraient mourir plutôt que de s’humilier encore plus en mendiant leur traitementNous sommes dans une guerre économique, et de tout ce que l’on a rien n’est acquis. Je veux dire que rien n’est jamais acquis »

    Le soutien

    Des structures tentent d’organiser la résistance à l’austérité. Nous avons rencontré, la coordination des dispensaires d’Athènes qui mutualise certains moyens. Nous avons également rencontré  «Solidarité pour tous » qui gère des circuits alternatifs d’accès à l’éducation, à la culture et à la santé. Cette structure  tente également d’organiser les réseaux de soutien à l’étranger.  Les députés de Syriza leur versent 25% de leur salaire.  Les membres de Solidarité pour tous nous expliquent que le soutien international est déterminant notamment pour faire pression sur les gouvernements de nos pays qui avec leurs politiques étranglent le peuple grecDans l’urgence ces personnes insistent sur la nécessité de collecteargent, matériel médical et médicaments. 
    La délégation du SMG présente en Grèce a donné 1750euros « au nom des membres du SMG et de leurs familles », à la coordination des centres de santé Grecques. Elle s’est surtout engagée à témoigner. Une conférence de presse a été organisée en Grèce. Il ne faut pas oublier que ce sont nos gouvernements et les institutions européennes qui imposent l’austérité en Grèce.